Une culture autonome
Du fait d’un démarrage tardif, le miscanthus subit une forte concurrence des adventices l’année de son implantation et parfois l’année suivante. Par la suite, la formation d’un mulch au sol (chute des feuilles à l’automne) empêche la prolifération des mauvaises herbes et permet donc d’éviter tout désherbage chimique ou mécanique.
Parallèlement, aucune maladie n’a à ce jour été identifiée et à l’exception du taupin (dont les attaques sont destructrices); on ne connaît aucun ravageur. Dans ces conditions, l’utilisation de produits phytosanitaires est quasiment inexistante.
Lorsque la plante est récoltée en sec, une partie des éléments nutritifs ont migré vers le rhizome pour en reconstituer les réserves. Alors que les feuilles sont tombées au sol et que seule la tige est récoltée, les exportations nettes de nutriments s’avèrent modestes.
Dès lors, cette culture ne nécessite aucune fertilisation récurrente dans les sols bien pourvus qui ont un potentiel élevé de minéralisation. La fertilisation peut s’envisager comme une fertilisation d’entretien visant à ne pas appauvrir le sol au fil des années. De plus, l’apport d’azote n’est pas utile: les rendements du miscanthus ne s’en trouveront que peu améliorés, ce sera plutôt le développement des adventices qui sera favorisé.
Cependant, les pertes d’azote par lixiviation sont faibles, ce qui rend l’implantation de miscanthus intéressante dans les Zones de Captage pour faire face à des problèmes de qualité de l’eau ou sur des terres dont la concentration d’azote est trop importante (par rapport aux normes) : cela n’impactera que marginalement la production finale tout en jouant un rôle de phytoremédiation.
Protection des eaux et maintien du sol
Le miscanthus limite les risques de contamination directe par dérive aérienne lors de l’application de produits phytosanitaires sur les parcelles voisines.
Il assure un rôle de barrière contre l’entraînement par le vent des gouttelettes de pulvérisation. Ce rôle d’écran est d’autant plus efficace que la culture est dense et haute (3 à 4 mètres à partir de la deuxième année d’implantation). Elle réduit également le ruissellement en favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol grâce à son réseau racinaire dense et au non travail du sol; ceci générant des apports de matière organique endogène.
D’autre part, la culture assure un filtrage des substances actives dans l’eau ou fixées sur la terre. Ces dernières sont issues de produits phytosanitaires arrivant sur la parcelle de miscanthus par ruissellement, elles sont alors dégradées rapidement grâce à la forte activité biologique du sol sous le miscanthus. De plus, les plantations de miscanthus ont une forte capacité de rétention de l’azote, comparées aux cultures annuelles. L’azote retenu par ces plantations n’est pas transportée vers les cours d’eau ni relâchée dans le sol.
La couverture permanente du sol par les tiges entières jusqu’à la récolte puis par les chaumes et les feuilles après la récolte début avril constitue une barrière efficace contre l’érosion éolienne : le sol n’est jamais nu.
S’il est implanté en travers de la pente, le miscanthus peut freiner la vitesse d’écoulement de l’eau de pluie et des boues engendrées. Cela permet de répartir le ruissellement et ainsi de limiter la formation de ravines et les inondations. Ce, tout en retenant la terre fertile dans les parcelles. Enfin, implanté en bandes, il peut jouer un rôle sur la réduction de l’érosion des terres arables d’une plaine sensible (selon la nature du sol).
Refuge de biodiversité
Le miscanthus constitue un habitat pour une faune diversifiée, favorable à la biodiversité. La récolte s’effectuant en dehors des périodes de nidification, cette culture ne perturbe pas le cycle de vie des oiseaux. Le maintien de cette culture durant l’hiver offre un couvert pour le gibier de taille moyenne et surtout pour les insectes dont tous les écosystèmes dépendent. Du fait de la pérennité de la culture et de son mode de conduite, la biodiversité n’est pas impactée négativement, il faut faire attention aux études de biodiversité menées (en cas de projet de plantation sur d’anciennes surfaces sylvicoles).