miscanthus luzéal

Luzéal : Histoire d’une diversification écologique

luzerne
Premier pôle de déshydratation de fourrage en France, Luzéal est une coopérative de Champagne-Ardenne qui a fait de la luzerne son cÅ“ur de métier. Il y a 10 ans, la coopérative a misé sur le miscanthus pour diversifier ses activités. Aujourd’hui, Luzéal compte près de 500 ha et 80 exploitants de miscanthus. Plus résiliente, plus verte et plus innovante, la coopérative semble avoir gagné son pari. Yves Koch, responsable du pôle Biomasse et Énergie de la coopérative nous livre les secrets de cette diversification réussie.

Naissance du projet miscanthus

Un besoin de diversification

usine Luzéal
Soutenue par la PAC, la déshydratation de Luzerne a battu son plein entre les années 70s à 2000. Il fallait alors assurer à l’Europe une certaine indépendance alimentaire en protéine végétale pour ses élevages.  La décennie suivante fut moins prometteuse pour la filière luzerne déshydratée qui a du se restructurer dans le cadre  de la réforme de la politique agricole commune. C’est dans ce contexte qu’Alfaluz et Euroluz, réunies en 2009 sous le nom de Luzéal, ont cherché à se diversifier pour gagner en compétitivité. Une demande de diversification était également portée par les producteurs adhérents sujets à une baisse des cours des matières premières. Dans le même temps, le Grenelle de l’Environnement (2007) avec la perspective de taxation carbone incitaient les entreprises à opter pour des pratiques plus écologiques.

Une solution pérenne : le miscanthus

A la fin des années 2000, Luzéal développe ainsi de nouvelles activités et entreprend sa transition énergétique. Elle se tourne par exemple vers la production de granulés de bois pour les particuliers et la déshydratation du marc de raisin, un co-produit viticole abondant dans la région champenoise. Elle parvient en parallèle à réduire sa consommation énergétique grâce au préfanage. Cette technique consiste à laisser les fourrages se déshydrater naturellement dans les champs avant le passage dans les fours. Pour aller plus loin et répondre du même coup à ces deux objectifs, la coopérative décide de produire des biocombustibles pour ces fours. D’abord intéressée par le bois (plaquettes forestières, TTCR…) elle se tourne aussi depuis une dizaine d’années vers le miscanthus. Cette matière première énergétique a en effet une valeur ajoutée pour la coopérative et ses adhérents. Les 80 adhérents qui l’exploitent ont diversifié leurs revenus et mis en valeurs leurs terres en jachère. D’autre part, le pouvoir calorifique du miscanthus est intéressant (1 ha de miscanthus produit la même énergie que 7500 litres de fioul). C’est enfin son aspect écologique qui a séduit Luzéal : cette culture autonome est très économe en intrants. Passer de combustibles fossiles au bois, puis du bois au miscanthus a nécessité une adaptation des installations de Luzéal. La coopérative a ainsi déployer sur ses lignes de séchage un système innovant de co-combustion : l’injecteur de biomasse.

Vers une plus large valorisation du miscanthus

Luzéal développe depuis quelques années les autres débouchés du miscanthus  à travers sa filiale Agromi. Il est alors vendu aux particuliers, collectivités et agriculteurs comme paillage horticole et litière animale. Cette diversification s’explique par une volonté de mieux valoriser la plante (d’un point du vue écologique et économique). En effet, s’il n’est pas brûlé, le miscanthus capture durablement le CO2. Misceal miscanthus paillage Aujourd’hui, ces débouchés représentent 15% de la récolte, il y a donc une marge de développement prometteuse pour la filière. D’autant plus prometteuse que les produits ont du succès. Des vignobles de la région ont ainsi opté pour le paillage miscanthus pour protéger leurs cultures en suivant l’exemple des adhérents de Luzéal. De même,de part et d’autre de la frontière belge, des éleveurs avicoles vantent les mérites de la litière de la coopérative. Cette litière associe miscanthus et bois dans un même granulé écrasé. Combinées aux sols bétonnés qui maintiennent une inertie thermique, les propriétés absorbantes du miscanthus font faire des économies significatives aux éleveurs. De fait, seul 1,2 à 1.5 kg/m² de litière miscanthus sont nécessaires pour assurer un confort aux animaux.

Un producteur innovant

Luzéal cherche aussi à développer des produits innovants et écologiques à base de miscanthus. Ainsi, sa  filiale Agromi produira bientôt L’Alfamis, un amendement 100 % végétal à base de miscanthus et de luzerne. Cet amendement sous forme de granulés cumule donc les avantages du miscanthus, riche en carbone et en lignine et de la luzerne, riche en protéine et nutriments. Plus encore, L’Alfamis est un levier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il offre en effet une alternative aux amendements organo-minéraux produits par des énergies fossiles. C’est également un amendement de proximité pour les exploitations de la région.