Articles

Le Miscanthus une culture viable pour les terres sujettes aux inondations !

,


Le miscanthus prospère là où d’autres cultures échouent, dans des champs qui autrement seraient non rentables ou à haut risque, et les recherches montrent que non seulement il peut bien pousser dans les zones gorgées d’eau, mais qu’il assure également la stabilité des sols !
Les résultats d’une étude de l’Institute of Biological Environmental and Rural Sciences (IBERS) de l’Université d’Aberystwyth (Pays de Galles) ont conclu que le Miscanthus peut prospérer dans les champs gorgés d’eau, qu’il assure la stabilité du sol et que le rendement des cultures n’est pas affecté par un excès d’eau
Selon l’auteur de cette étude (Dr Jason Kam) la qualité des récoltes n’est pas compromise par les inondations. « Il n’y a pas de différence significative en termes de rendement et d’autres développements physiologiques. La hauteur observée et le nombre de talles ne présentent aucune différence entre les sols inondés en hiver et les sols non inondés.
« En raison de la nature vivace du Miscanthus, une plantation annuelle n’est pas nécessaire. Cela réduit donc au minimum la perturbation du sol ». « La structure du rhizome et des racines du Miscanthus aide à stabiliser les sols, les rendant plus résistants à l’érosion des sols provoquée par les inondations ».
Source Energy Now (Décembre 2023)

Le miscanthus dans l’écorégime de la PAC 2023

,

En 2023 la PAC intègre une nouvelle règlementation appelée «  écorégime ». Cette nouvelle mesure encourage les pratiques agricoles durables. L’écorégime conditionne des paiements directs aux agriculteurs qui adoptent des pratiques agricoles bénéfiques pour l’environnement et le climat. Les pratiques agricoles éligibles à l’écorégime incluent, par exemple, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la préservation de la biodiversité, la promotion de l’agriculture biologique et la réduction de l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques.

En cultivant du Miscanthus les agriculteurs peuvent ainsi bénéficier de paiements pour services écosystémiques.

Il y a trois voies pour être éligible à l’écorégime. Pour le miscanthus la voie à retenir est celle de la « pratiques de gestion agro-écologique des surfaces agricoles » et au sein de cette rubrique le chapitre diversification des cultures. Le barème des points dans cette rubrique est décrit dans le tableau ci-dessous.

Tableau tiré du PSN 2022 page 310

Un système de points a été mis en place pour rendre éligible à supplément d’aide de 60€/ha et par an pour 4 points et 80€/ha et par an pour 5 points. Ces points seront obtenus pour le miscanthus en fonction du tableau ci-après, en fonction de la proportion de miscanthus dans les surfaces de terres arables de l’exploitation.

Prenons pour exemple une exploitation avec 150 ha :

 – S’il y a 10 ha de miscanthus, le pourcentage de diversification sera de 10/150 (6,7%) et garantira donc 1 point.

– S’il y a 50 ha de miscanthus, le pourcentage de diversification sera de 50/150 (33%) et garantira donc 3 points.

– S’il y a 120ha de miscanthus, le pourcentage de diversification sera de 120/150 (80%) et garantira donc 5 points.

Miscanthus et certification HVE, Haute Valeur Environnementale :

Par ailleurs le miscanthus peut être pris en compte dans la voie « certification environnementale » pour ce qui concerne la certification HVE (haute valeur environnementale). En effet une exploitation qui produit du miscanthus peut utiliser les avantages que présente cette culture du point de vue environnemental pour obtenir la certification HVE.

La certification HVE (Haute Valeur Environnementale) correspond au niveau le plus élevé, (le niveau 3) de cette certification environnementale des exploitations agricole. Elle est une preuve de leur engagement dans des pratiques plus respectueuses de l’environnement et de la biodiversité.

La certification environnementale de niveau 3 consiste à respecter quatre indicateurs composites correspondant aux quatre thématiques suivantes :

  • Biodiversité
  • Stratégie phytosanitaire
  • Gestion de la fertilisation
  • Gestion de l’irrigation

Chaque indicateur est composé d’un ensemble d’items. A chaque item correspond une échelle de notation, partant de la note 0 pour la situation de « référence » et valorisant les exploitations allant au-delà de ce niveau de référence. La somme des notes des différents items donne une note globale pour la thématique concernée. Une thématique est validée lorsque la note globale est supérieure ou égale à 10 points. Pour être certifiée de niveau 3, l’exploitation doit avoir les quatre thématiques validées.

Dans les quatre thématique le miscanthus peut rapporter des points.

La destruction du Miscanthus x giganteus, une opération à succès ?

Que faire d’une parcelle de miscanthus mal implantée, non valorisée ou simplement plus souhaitée ?

C’est la question à laquelle Guillaume Leriche, président de l’entreprise Rhizosfer, adhérente de France Miscanthus, a dû se confronter il y a quelques années face à son envie de remettre en cultures annuelles ses parcelles alors occupées par du miscanthus.

Face à la pérennité du Miscanthus x giganteus et à sa forte végétation, la question de sa destruction est primordiale. On sait déjà que sa non-invasivité de par sa stérilité lui empêche de s’étendre en dehors d’une parcelle déterminée : mais quid de sa destruction dans une parcelle cultivée ?

D’abord, quelques rappels sur la plante :

Le miscanthus, plante pérenne rhizomateuse, a une durée de vie comprise entre 25 et 30 ans. Récoltées tous les ans en fin d’hiver-début de printemps, elle développe sa partie aérienne grâce à son rhizome et aux réserves nutritives accumulées. Tous les ans, avant la récolte, les nutriments présents dans les tiges et dans les feuilles redescendent dans le rhizome, au moment de la phase de senescence provoqué par l’apparition du froid, provoquant la chute des feuilles séchées au sol formant un mulch, puis l’assèchement des tiges, qui seront, elles, récoltées. Les réserves accumulées dans le rhizome serviront l’année suivante pour un nouveau cycle de croissance.

En effet de nouvelles tiges émergent vers le courant du mois d’avril, en utilisant les réserves du rhizome, jusqu’à atteindre leur taille définitive vers juin, en ayant épuiser les réserves du rhizome.

Le rhizome ne dépasse guère les 30 cm de profondeur et les 1 mètre de diamètre, formant une large galette compacte, mais facilement brisable : il s’agît d’un enchevêtrement de rhizomes facile à détruire.

C’est peu apres la repousse que le rhizome est le plus faible nutritivement, et donc à laquelle une destruction sera efficace : le rhizome ne dispose plus assez de nutriment en juin pour résister à une destruction. C’est aussi pendant l’été que suite au retournement des rhizomes ils seront le plus sujet à dessèchement par le soleil et le vent.

C’est en se basant sur ce cycle végétatif qu’un itinéraire de destruction a été mis en place par le RMT Biomasse et territoire.

Un exemple de destruction de parcelle et de remise en culture

Guillaume Leriche a procédé par 2 fois à une destruction de parcelles de miscanthus, puis à une remise en culture. En 2012, il détruit 1,5 ha de miscanthus, et en 2016, ce sont 8 ha qui sont replantés en luzerne.  

L’opération de destruction est facile : après la dernière récolte, et après avoir laissé le miscanthus repousser pour épuiser les réserves du rhizome, les feuilles sont broyées. Parallèlement, une déchaumeuse à disque va couper et mettre à nu les rhizomes. Ceux-ci vont rapidement sécher lorsqu’ils sont à l’air libre, au contact du soleil et du vent. La parcelle de M. Leriche est composée de sols souples et légers, la déchaumeuse à disque est alors suffisante. Dans le cas contraire, il est préférable d’utiliser un rotavator. Pour bien lacérer les rhizomes, l’agriculteur est passé de nouveau pour effectuer une lacération croisée.

En fonction des conditions pédoclimatiques, l’opération peut être plus ou moins aisée. Le sol doit être assez sec pour entrainer la mort des rhizomes, mais résulte alors un travail mécanique important pour les machines.

Les quelques repoussent sont freinées par la culture suivante : M. Leriche a par exemple planté de la luzerne, qui, grâce à la qualité de la structure des sols après plusieurs années de miscanthus, n’a pas eu de mal à s’installer. Il insiste cependant sur un point : avant une remise en culture, il faut tout de même ré-apporter des nutriments au sol (notamment du phosphore). Les rhizomes morts et secs, déjà appauvris lors du printemps, se dégradent très lentement, et ne relarguent donc pas d’éléments minéraux. S’il n’y a pas d’apport après la destruction, cela peut avoir des causes sur le rendement de la culture suivante.

Sans objectif de rendement cette fois, il est aussi tout à fait possible de mettre en prairie une ancienne culture de miscanthus après sa destruction.

Une destruction en adéquation avec la conduite du miscanthus

Un des avantages du miscanthus est d’être une plante qui ne nécessite ni apport d’engrais, ni pesticides. Cela lui permet d’être implanté dans des zones à forte contrainte environnementale. Dans la continuité de cette conduite, sa destruction ne nécessite pas forcement de produits phytosanitaires ! Même, une application de glyphosate au printemps ne serait pas aussi efficace pour la destruction du rhizome.

Aujourd’hui, les parcelles réimplantées de M. Leriche se comportent tout à fait convenablement et du blé sera cultivé cette année.

Retrouvez les fiches de RMT biomasses sur la mise en culture, la destruction, et la non invasivité du miscanthus dans l’onglet Ressources.

Le miscanthus dans les projets de GIEE

Qu’est-ce qu’un GIEE ?

Logo GIEE

Un GIEE est un Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental, plus précisément ce sont des agriculteurs reconnus par l’Etat qui s’engagent sur plusieurs années à modifier leurs pratiques culturales. Des objectifs économiques, sociaux et environnementaux sont élaborés s’inscrivant dans le Développement Durable.

Ces groupes vont créer des partenariats avec les entités territoriales (Chambres d’Agriculture, Agences de l’Eau, Collectivités Territoriales) ainsi qu’avec les acteurs de leur propre filière pour créer une synergie et un engagement durable dans des pratiques soutenables, avec à l’appui les résultats de chacun.

Pourquoi créer des GIEE ? Combien y-en-a-t-il en France ?

Les GIEE ont été mis en place en 2014 pour améliorer les performances de l’agriculture française au sens large. Les principes de leur création sont :

  • Le groupement cohérent d’exploitations sur un territoire donné,
  • L’apport de réponses aux enjeux agricoles régionaux cohérentes avec les projets de développement territoriaux,
  • La proposition d’un plan d’action agro-écologique (favoriser les innovations, l’expérimentation de nouvelles techniques de traitement, une nouvelle organisation culturale …),
  • La planification des résultats, leur thématique, leur portée territoriale et leur valeur d’exemple significatif.

C’est via des appels à projets régionaux que les GIEE vont se constituer avec un plan pour solutionner la demande émise.
Ils bénéficient d’un cadre législatif adapté et reçoivent des financements européens (Fonds Européen de Développement Régional), d’organismes publics (ADEME, Agences de l’Eau) ou encore de l’Etat.

Recensement du nombre de GIEE en 2018

Il y a au total plus de 400 GIEE en France et ils ont des critères précis à respecter pour être reconnus en tant que tels :

– Des objectifs de performance économique, environnementale et sociale,
– L’apport de plus-value collective et territoriale en adéquation avec les techniques prévues,
– Une exemplarité tant dans la pérennité du projet que pour ses innovations et sa reproductibilité future,
– Un cadre d’étude et de suivi des agriculteurs

Source : Ministère de l’Agriculture, Alim’agri, « Etat des lieux des GIEE en 2018 »


Et le miscanthus dans tout ça ?

Logo Terre Eau Energie 76

La culture du Miscanthus fait l’objet d’un GIEE en Seine Maritime depuis 2015 porté par Terre Eau Énergie 76.

Le but du GIEE constitué de 10 agriculteurs est de « créer une dynamique de protection de la ressource en eau tout en préservant le revenu des exploitants (…), permettant une production de biomasse commercialisable ».

La principale thématique est le « développement d’aménagements d’hydraulique douce triple performance« , à savoir : érosion, énergie et économie. Pour se faire, le miscanthus sera cultivé en BLC (Bande LignoCellulosique) sur des bassins versants en Zones Soumises à Contraintes Environnementales (ZSCE).

Bande de miscanthus

Les contributions du GIEE en question sont de :

Grâce à ce projet, non seulement les agriculteurs valorisent leurs aménagements tout en restaurant la qualité de son sol mais il y a aussi un gain économique et énergétique puisque l’utilisation du produit final en combustible permet de faire baisser les émissions de CO2, tout en dynamisant localement le secteur. En effet, le miscanthus récolté est utilisé dans 200 chaufferies en Normandie (Biocombustible SAS) et dans la chaufferie du Havre.

Toutes les informations sur : http://www.giee.fr/trouver-un-giee/par-region/normandie/developpement-des-cultures-energetiques-en-bandes/
https://agriculture.gouv.fr/plus-de-400-giee-qui-sengagent-dans-lagro-ecologie
https://agriculture.gouv.fr/les-groupements-dinteret-economique-et-environnemental-giee

Projet GRACE : plantation de miscanthus sur des terres marginales à Carrières-sous-Poissy

Au coeur de la révolution environnementale menée par l’Europe ces dernières années et avec la future PAC 2021-2027, le projet GRACE (2017-2022) s’inscrit dans les programmes OPTIMSC et MultiHemp concernant la démarche commune de restauration des sols gérée par le CORDIS (Service d’Information Communautaire sur la Recherche et le Développement).

C’est dans le cadre de l’application de GRACE que France Miscanthus a participé Jeudi 02 Mai 2019 à la plantation d’une parcelle de Miscanthus X Giganteus en Ile-de-France sur des terres polluées avec l’entreprise Novabiom.

Les ambitions du Projet GRACE

Le projet Growing Advanced Industrial Crops on Margnial Lands for Biorefineries (GRACE) comprend une branche de recherche génétique afin d’améliorer les caractéristiques du miscanthus vis-à-vis de situations hostiles comme le stress hydrique ou la salinité des sols.
Le travail sur parcelles d’essai est complet et l’application des 15 nouveaux génomes a maintenant lieu sur des terres marginales (polluées).

Plusieurs sites européens considérés comme marginaux à cause de la pollution présente dans les sols vont donc accueillir des cultures de miscanthus pour valider ses capacités de maintien des polluants et de rhizofiltration.
Carrières-sous-Poissy a été retenu pour son histoire puisque pendant plusieurs décennies les eaux usées (mélangées avec les eaux de pluies) de la ville de Paris ont été épandues sur ces terres, le résultat étant la présence de taux anormalement élevés de zinc, de plomb et d’ammoniac dans ces dernières. Deux autres parcelles du site avaient déjà été plantées en tant que « parcelle témoin de tous les génotypes » et parcelle d’essai de plantation.

Les objectifs du projet sont :

  • L’amélioration de la production végétale de génotypes de miscanthus adaptés à l’utilisation finale
  • L’adéquation aux terres marginales, contaminées et non utilisées
  • La démonstration de la montée en gamme des chaines de valorisation de la biomasse selon les génotypes les plus adaptés

Le but est bien de démontrer les fortes capacités de résilience de la plante dans des conditions de culture difficiles (non autorisées pour les cultures alimentaires) et d’en valoriser la biomasse et le développement de la filière. Et ainsi, disposer à la fin de « cultivars commerciaux » adaptés aux terres marginales avec la preuve d’une faisabilité sans risque pour l’ensemble de la valorisation en aval.

Les perspectives territoriales du Miscanthus

Avec sa reconnaissance comme culture éligible aux Surfaces d’Intérêt Ecologique, la notoriété du miscanthus gagne plus facilement les acteurs nationaux et les projets territoriaux. Ses avantages techniques en font un véritable concurrent du chanvre, d’autant plus que l’on recense une augmentation de la surface de miscanthus de l’ordre de 10 à 15% par an.

La culture du miscanthus s’inscrit dans une constante hausse de performance dans ses débouchés, relevant tant de son profil biologique qu’économique. Les projets comme GRACE, NEW C LAND ou MAGIC portés par des entreprises françaises comme Novabiom (spécialiste en biomasse végétale) ou Addiplast (matériaux composites) donnent une portée plus large à l’image de la filière et surtout montre le fait qu’elle soit structurée.

En résumé, dans le cadre de GRACE, la finalité est de connaitre les génotypes résistants ou adaptés à certaines conditions géologiques afin d’en assurer leur production et ce pour un meilleur rendement de biomasse et une meilleure action biologique de la plante sur le sol.

Luzéal : Histoire d’une diversification écologique

luzerne
Premier pôle de déshydratation de fourrage en France, Luzéal est une coopérative de Champagne-Ardenne qui a fait de la luzerne son cœur de métier. Il y a 10 ans, la coopérative a misé sur le miscanthus pour diversifier ses activités. Aujourd’hui, Luzéal compte près de 500 ha et 80 exploitants de miscanthus. Plus résiliente, plus verte et plus innovante, la coopérative semble avoir gagné son pari. Yves Koch, responsable du pôle Biomasse et Énergie de la coopérative nous livre les secrets de cette diversification réussie.

Naissance du projet miscanthus

Un besoin de diversification

usine Luzéal
Soutenue par la PAC, la déshydratation de Luzerne a battu son plein entre les années 70s à 2000. Il fallait alors assurer à l’Europe une certaine indépendance alimentaire en protéine végétale pour ses élevages.  La décennie suivante fut moins prometteuse pour la filière luzerne déshydratée qui a du se restructurer dans le cadre  de la réforme de la politique agricole commune. C’est dans ce contexte qu’Alfaluz et Euroluz, réunies en 2009 sous le nom de Luzéal, ont cherché à se diversifier pour gagner en compétitivité. Une demande de diversification était également portée par les producteurs adhérents sujets à une baisse des cours des matières premières. Dans le même temps, le Grenelle de l’Environnement (2007) avec la perspective de taxation carbone incitaient les entreprises à opter pour des pratiques plus écologiques.

Une solution pérenne : le miscanthus

A la fin des années 2000, Luzéal développe ainsi de nouvelles activités et entreprend sa transition énergétique. Elle se tourne par exemple vers la production de granulés de bois pour les particuliers et la déshydratation du marc de raisin, un co-produit viticole abondant dans la région champenoise. Elle parvient en parallèle à réduire sa consommation énergétique grâce au préfanage. Cette technique consiste à laisser les fourrages se déshydrater naturellement dans les champs avant le passage dans les fours. Pour aller plus loin et répondre du même coup à ces deux objectifs, la coopérative décide de produire des biocombustibles pour ces fours. D’abord intéressée par le bois (plaquettes forestières, TTCR…) elle se tourne aussi depuis une dizaine d’années vers le miscanthus. Cette matière première énergétique a en effet une valeur ajoutée pour la coopérative et ses adhérents. Les 80 adhérents qui l’exploitent ont diversifié leurs revenus et mis en valeurs leurs terres en jachère. D’autre part, le pouvoir calorifique du miscanthus est intéressant (1 ha de miscanthus produit la même énergie que 7500 litres de fioul). C’est enfin son aspect écologique qui a séduit Luzéal : cette culture autonome est très économe en intrants. Passer de combustibles fossiles au bois, puis du bois au miscanthus a nécessité une adaptation des installations de Luzéal. La coopérative a ainsi déployer sur ses lignes de séchage un système innovant de co-combustion : l’injecteur de biomasse.

Vers une plus large valorisation du miscanthus

Luzéal développe depuis quelques années les autres débouchés du miscanthus  à travers sa filiale Agromi. Il est alors vendu aux particuliers, collectivités et agriculteurs comme paillage horticole et litière animale. Cette diversification s’explique par une volonté de mieux valoriser la plante (d’un point du vue écologique et économique). En effet, s’il n’est pas brûlé, le miscanthus capture durablement le CO2. Misceal miscanthus paillage Aujourd’hui, ces débouchés représentent 15% de la récolte, il y a donc une marge de développement prometteuse pour la filière. D’autant plus prometteuse que les produits ont du succès. Des vignobles de la région ont ainsi opté pour le paillage miscanthus pour protéger leurs cultures en suivant l’exemple des adhérents de Luzéal. De même,de part et d’autre de la frontière belge, des éleveurs avicoles vantent les mérites de la litière de la coopérative. Cette litière associe miscanthus et bois dans un même granulé écrasé. Combinées aux sols bétonnés qui maintiennent une inertie thermique, les propriétés absorbantes du miscanthus font faire des économies significatives aux éleveurs. De fait, seul 1,2 à 1.5 kg/m² de litière miscanthus sont nécessaires pour assurer un confort aux animaux.

Un producteur innovant

Luzéal cherche aussi à développer des produits innovants et écologiques à base de miscanthus. Ainsi, sa  filiale Agromi produira bientôt L’Alfamis, un amendement 100 % végétal à base de miscanthus et de luzerne. Cet amendement sous forme de granulés cumule donc les avantages du miscanthus, riche en carbone et en lignine et de la luzerne, riche en protéine et nutriments. Plus encore, L’Alfamis est un levier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il offre en effet une alternative aux amendements organo-minéraux produits par des énergies fossiles. C’est également un amendement de proximité pour les exploitations de la région.