Du miscanthus dans les vignes de Mancy
Présentation
Sébastien Manteau, conseiller en viticulture alternative (AlternatiVity) avait convaincu en octobre 2018 ses collaborateurs de l’EARL Manteau Rivierre de pailler une vingtaine d’ares en miscanthus.
Le paillage de miscanthus ne sert pas simplement à protéger les différents massifs et potagers. En effet, il est de plus en plus utilisé pour pailler en viticulture. Le miscanthus permet de protéger les vignes contre les adventices. De plus, lors de sa décomposition le paillage de miscanthus permet d’apporter des nutriments essentiels au sol. L’utilisation du paillage de miscanthus s’inscrit dans une démarche d’agriculture durable, sans intrants ni produits phytosanitaires.
Historique
L’EARL, qui conduit ses parcelles dans une démarche raisonnée, possède des vignobles anciens. La plus grandes des 2 parcelles paillées a été plantées en 1951.
Mode d’emploi
Le miscanthus a été installé dans deux parcelles, avec deux approches de paillage différentes.
Dans une première parcelle, « La Vigne à Paulette« , Sébastien a paillé en plein, un inter-rang sur deux, en alternant avec un semis de trèfle.
Dans une seconde parcelle, « Les Cabinettes« , le paillage est situé directement de chaque côté des troncs.
Le paillage est installé sur une dizaine de centimètres, et forme des bandes d’un mètre de largeur environ. Cela permet de ne pas appliquer du miscanthus sur toute la parcelle, évitant tout risque de compaction du sol ou d’excès de nitrate ou nitrite.
Avant l’installation, la parcelle avait été nettoyée au rotofil afin d’affaiblir au maximum les adventices et d’éviter une reprise à travers le paillage.
Santé/vigueur des plantations
L’installation a très bien fonctionné puisque qu’aucune adventice annuelle n’a réussi à traverser le paillage. M. Manteau a même réussi à éliminer de ses parcelles le Chiendent. Pour les quelques vivaces qui réussissent à passer la couche de miscanthus, un désherbage au rotofil est suffisant et non chronophage.
Les vignes paillées semblent même mieux réagir aux différents stress (eau, azoté) que les vignes non paillées.
Aucune maladie fongique imputable au miscanthus n’a été observé.
Évolution du sol
Dans un premier temps, le miscanthus permet de couvrir le sol et donc de limiter l’érosion des parcelles. M. Manteau l’a très rapidement observé lors d’épisodes orageux, avec un lessivage important des parcelles non paillées.
Ensuite, lors de la canicule de l’été 2019, le miscanthus a permis de garder un sol frais (contrairement à un sol nu qui peut atteindre des températures tels que le sol, et les cultures, en souffrent énormément). L’impact de la canicule sur les vignes paillées a en effet été moins important que sur les vignes non paillées. Même, une adventice (non problématique pour les cultures) sensible à l’été, le Mouron Blanc, est resté vert lorsqu’il était proche de rangs paillés, alors qu’il sèche habituellement.
Avantages par rapport à la paille
Dans ses parcelles, il utilise aussi un paillage de blé. La couche de paillage est plus faible, donc elle se décompose aussi bien, mais permet alors une recouvrance moins forte que le miscanthus. Certaines adventices arrivent à passer au travers de ce paillage. De plus, la paille de blé n’est pas forcément bio, et le blé n’étant pas stérile, contrairement au miscanthus, on observe une germination importante de la paille.
Aspect financier
Les parcelles paillées le resteront jusqu’à dégradation du paillage, mais M. Manteau ne souhaite pour le moment pas re-pailler avec du miscanthus. Le renouvellement doit se faire tous les ans, et le coût à l’hectare n’est pour le moment pas comparable, ni avec des paillettes de bois, ni avec de la paille de blé.
Une solution pour limiter les coûts d’achat pourrait être, à condition d’avoir l’espace nécessaire, d’implanter sa propre culture de miscanthus.